Choisir une méthode ou apprendre sur des vidéos youtube
A-t-on nécessairement besoin d'un professeur d'ukulélé ? Non, pas nécessairement. On peut apprendre en observant l'exemple d'autres joueurs si on en a sous la main, on peut aussi suivre des méthodes, on peut explorer par soi même l'instrument (mais il faudra pour le novice en musique quelques repères incontournable ou une oreille à toute épreuve) et surtout on peut combiner l'apprentissage autonome, l'échange avec d'autres joueurs et évidemment l'apprentissage avec un professeur.
Concernant les méthodes : la littérature en français sur l'ukulélé était pendant longtemps inexistante - à part d'historiques exceptions telles que la méthode Salabert (présentée par Maurice Chevalier !) et la méthode Léo Laurent recyclée régulièrement chez Paul Beuscher ; leur intérêt principal et unique était la curiosité historique, pédagogiquement et en pratique, c'est à fuir.
Au tout début des années 2000, Cyril LeFebvre entendit changer la donne. Ce musicien incontournable et passionné de l'ukulélé publia donc une première méthode, à l'imposant format d'un magazine, réglant les comptes aux idées reçues et proposant une ébauche de répertoire moderne pour le petit instrument. Fourmillant de conseils précieux, l'ouvrage - que les passionnés ne sauraient éviter - ne remplissait pas non plus exactement le manque en matière de support pédagogique pour le sympathique cordophone océanien.
Quelque années plus tard, alors que d'autres méthodes étaient remaniées ou traduites en français, faisant concours de médiocrité, Cyril LeFebvre, le même que ci dessus, répondant à l'appel des aspirants ukulélistes, entreprit alors la rédaction d'une deuxième méthode, d'un format plus ergonomique et proposant une réelle progression en difficulté, avec un répertoire nouveau, une reformulation des techniques, et reflétant les tendances du moment sans négliger les standards ni les classiques du petit instrument.
Si vous devez choisir une méthode, c'est celle là qu'il faut prendre sans hésiter, disponible aux éditions J.-J.Rébillard, composée de deux tomes, le premier avec la méthode proprement dite, le deuxième avec un dictionnaire d'accords et un historique plus précis que la plupart des choses que vous pourrez trouver ailleurs, et enfin accompagnée d'un CD reprenant les plages du disques, ainsi que trois morceaux instrumentaux.
Mais aujourd'hui on apprend avec des tutos sur youtube non ?
Oui, c'était déjà le cas depuis presque la naissance de youtube, je sais j'y étais, et même à la fin des années 1990 on trouvait des conseils et des tutos écrits et imagés sur d'obscurs sites japonais. Ça fait la blague, il y a toujours un truc à apprendre, mais ce qui fait très peur avec beaucoup de tutos sur internet, c'est que leurs auteurs semblent - nourris qu'ils sont de culture télévisuelle et de simagrés politiques et publicitaires - convaincus qu'ils doivent convaincre, et tout affirmer d'une manière péremptoire comme étant la bonne manière de faire, alors même que comme tout un chacun ils peuvent dire des énormités, et hélas ce n'est pas l'habillage de la vidéo ou le beau montage, pas plus que l'éloquence qui sont gages de qualité ou de confiance.
Alors faut-il laisser tomber les tutos youtube ? Non évidemment puisqu'on gagne toujours à apprendre, à avoir une autre perspective, à entendre les choses formulés de la manière qui va faire réagir, mais c'est plus productif quand on a quelques bases solides et qu'on se rappelle que, aussi appuyé soit le ton de winner de la personne qui fait la vidéo, ce n'est pas parole d'évangile. Comment obtenir des bases solides alors ? Précisément en préférant une étude basée au départ sur l'écrit ou la transmission directe. L'écrit parce qu'il sature le "cerveau gauche" et que la seule réponse disponible est celle de la sensation et du cerveau droit, la transmission directe parce qu'elle permet la communication de sensibilité à sensibilité. Suivre des tutoriels videos doit être vu comme un exercice alternatif et complémentaire à l'interprétation d'obscures tablatures, le déchiffrage d'accords, les improvisations sur des gammes ou l'invention de phrases mélodiques sur toutes les musiques qu'on aime, qui viennent de là qui viennent du blues ou d'ailleurs, plutôt d'ailleurs en fait.